Le 7 janvier 2021.
A l’attention des parents de l’Ecole Decroly
À la rentrée de janvier, le Bureau a fait le point sur la situation « code rouge » imposée depuis plusieurs semaines et sans doute valable pour un certain temps encore. Le Conseil national de sécurité du 15 janvier donnera les lignes directrices pour ce début d’année ; celles-ci devront être traduites en circulaires qui servent de cadre aux décisions de l’école, ces dernières étant alors communiquées sur le site de l’école par les directions.
À ce stade, le Bureau souhaite communiquer un certain nombre de réflexions, en particulier aux parents de l’école secondaire.
La situation est compliquée pour tous mais plus encore pour les élèves qui éprouvent des difficultés de quelque ordre que ce soit, connues avant la pandémie ou surgies à l’occasion de celle-ci et de ses conséquences. Les ressources que l’école propose sont communiquées directement aux élèves. La distorsion, normale à cet âge entre ce qui est dit en classe et ce qui est rapporté aux parents est classique, mais exacerbée actuellement. Dans cet espace, le jeune se construit aussi.
Au passage en code rouge, l’école secondaire a choisi de prévoir un travail en demi- groupes de la 9e à la 12e, solution la plus favorable aux élèves et la plus respectueuse des règles sanitaires de diminution de densité dans les locaux. Elle permet de préserver au mieux l’apprentissage, les élèves étant moins nombreux en classe, avec une régularité qui garantit une certaine continuité et un cadre temporel stable à la mesure des adolescents. Les mêmes cours sont donc donnés à chaque demi-groupe, il n’y a rien à « rattraper » par les élèves qui doivent rester à la maison.
La base de toute pédagogie active est fondée sur la construction, l’élaboration et l’appropriation collective des savoirs à travers échanges, formulation d’hypothèses, questionnements... Ces dimensions essentielles peuvent ainsi être maintenues même si certains fondements sont aujourd’hui impossibles (par exemple les excursions). Diffuser les cours par vidéo n’est pas nécessaire et serait difficilement compatible avec une réelle participation active des élèves. Le travail donné à la maison entre deux cours en classe est adapté en fonction de la classe, du cours, de la matière.
Certains retours nous font part de trop de travail, d’autres de pas assez. Ce n’est pas étonnant. Les enseignants connaissent déjà cette différence entre élèves (particulièrement au deuxième degré du secondaire) pour gérer une certaine autonomie dans le travail à domicile. Plus les tâches pour lesquelles l’élève doit travailler seul sont longues et fréquentes, plus les différences se marquent. L’École a proposé des solutions à certains élèves en difficulté, sans beaucoup de succès durable pour le moment. Mais le découragement ne guette pas et d’autres soutiens seront présentés au cas par cas.
Nous pensons qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure sur les « matières à rattraper » : le temps scolaire est long (vos enfants passent 13 à 15 ans dans l’enseignement obligatoire) et la situation est la même pour tous les jeunes de cet âge.
Cet état de fait nécessite, de la part de l’équipe éducative, une attention encore plus grande, ainsi qu’une volonté (parfois difficile à assumer) de ne pas considérer le programme, le rattrapage des matières non vues, la future réussite aux épreuves externes, comme prioritaires sur l’équilibre global des élèves. Chacun d’eux est considéré dans sa dimension singulière, autant que possible.
Cette dimension est d’autant plus importante que, dans ces circonstances-ci, la principale priorité du projet pédagogique qui est de considérer les élèves dans leur globalité ne peut être rencontrée complètement dans le cadre de l’école ; l'éducation physique et, partiellement mais significativement, la préoccupation de leur construction sociale sont laissées pour compte. La « faute » n’est à imputer à personne alors que parents, élèves, enseignants, directions respectent, chacun à leur niveau, les consignes pour favoriser une sortie de la crise dans les meilleurs délais.
L’organisation susmentionnée ne changera sans doute pas radicalement tant que le code rouge est imposé mais l’évaluation des situations particulières et des améliorations possibles est menée lors de nombreuses discussions entre enseignants (et actuellement par une consultation à l’initiative de la direction) .
Enfin, ce qui nous revient des parents (via les délégués) est extrêmement variable. Tous ne formulent pas les mêmes demandes ni les mêmes inquiétudes. Tous n’emploient pas le même ton. Nous comprenons bien que l’état d’esprit n’est pas homogène (comme nulle part dans la société à l’heure actuelle) mais l’information de ce qui est mis en place par l’École est notre seul moyen d’apaisement, même si nous sommes conscients que cela ne satisfera, ne rassurera pas tout le monde. Nous espérons que vos réactions seront modérées et axées sur l’entraide, ne fût-ce que pour que les partenaires de l’École avancent dans un certain calme, bien nécessaire à tous aujourd’hui, et principalement à vos enfants.
Nous vous remercions de votre bienveillante attention.
Pour le Bureau,
Bernard Helson,
Président de l’École